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Garibaldi et le Risorgimento

Le 5 mai 1860 embarquent avec Garibaldi un millier d'hommes pétris d'espoirs et de rêves. Ce sont des médecins, des avocats, des intellectuels, des étudiants, des journalistes, des exilés siciliens de longue date. Ensemble, ils portent un idéal de liberté ancrée dans la démocratie héritée du siècle des Lumières. 

Bercés par les pensées politiques de Mazzini, ils partent conquérir l'île de la Sicile, le grenier à blé du royaume de Naples, première étape d'un long périple qui les conduira,  à libérer les septentrionaux du joug d'une monarchie absolutiste et, selon eux, dépassée.

Giuseppe Garibaldi est l'homme de la situation. Il s'est illustré quelques années auparavant en Amérique du Sud dans une guérilla indépendantiste, est rentré en Europe comme un héros, un aventurier courageux et un défenseur des hommes opprimés. Républicain démocrate, il s'illustre en 1849 contre la monarchie du Piémont pour défendre la République de Rome. Défaite, le niçois traverse de nouveau l'Atlantique (il est marin de métier) et s'en revient quelque peu changé.

Pixabay
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A première vue, l'expédition des Mille n'a pas été encouragée par le comte de Cavour, ministre du roi Victor-Emmanuel, ni par ce dernier. Alors que Garibaldi leur apportait un soutien qui allait à l'encontre de ses idéaux politiques, il s'engageait dans une aventure avec pour seul soutien les exilés siciliens, sous l'œil inquiet des cours européennes qui craignaient une bavure. C'est pour cette raison que Cavour n'apportait pas de soutien officiel à cet expédition qui pouvait se retourner contre son roi. En revanche, le royaume de Turin lui fournissait des armes, éléments non négligeables pour réussir à faire trembler le jeune roi Bourbon. Aujourd'hui, les historiens qualifient cette stratégie de trompe-l'œil. 

 

Le débarquement à Marsala le 11 mai fut un succès et les Mille, rejoints par des milliers de siciliens endurants et enflammés, conquirent Palerme, Messine et le reste de l'île sans grande encombre à la fin de l'été. Il faut dire que les bourgeois et les propriétaires aisés se rallièrent à leur cause rapidement, avides d'autonomie. Ce ne fut pas le cas pour la population paysanne, plus méfiante à leur égard. 

Garibaldi, longtemps acclamé par la population comme un sauveur, comptait poursuivre sa lancée, et au nom de Victor-Emmanuel, poursuivre l'annexion de tous les autres royaumes non encore ralliés au souverain. Il refusa les nominations des commanditaires envoyés par la métropole pour diriger l'île et imposa ses propres compagnons démocrates. Aussi, il refusa de voir annexer la Sicile immédiatement et courut sur Rome, défiant les instructions de Cavour. Une expédition plutôt hasardeuse, taxée de révolutionnaire,  mais arrêté à temps par les troupes de Napoléon III. L'homme a fait trembler l'Europe entière et finit par saluer Victor-Emmanuel comme roi d'Italie, à Teano, le 26 octobre 1860, en lui remettant la soumission du Sud. 

 

Néanmoins, bien qu'il n'apparaisse plus aujourd'hui comme le formidable stratège de l'Unification Italienne, l'homme "à la chemise rouge" a œuvré, par son courage et ses prises de position sociales, à "donner confiance aux Italiens eux-mêmes" (Elena Musiani). C'est en effet grâce à des mesures sociales particulières qu'il s'attira la confiance des plus méfiants. 

La rencontre de Teano- Sebastiano De Albertis
La rencontre de Teano- Sebastiano De Albertis

Sources principales:

Catherine Brice, Histoire de l'Italie, Tempus

Elena Musiani, Faire une nation, Les Italiens et l'unité (XIXè-XXème siècle), Folio

 

Image de l'article La Partenza de Quarto (l'embarquement du quartier de Quarto à Gênes, le 5 mai 1860)

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