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Les couples qui ont marqué l'Histoire

A l'occasion de la saint Valentin, je vous propose une rétrospective historique de couples célèbres. Bien évidemment, cet article est loin d'être exhaustif, et vous pouvez l'enrichir de vos commentaires. Belle lecture à tous ! 

Dans l'Antiquité, le couple formé par la reine Cléopâtre et le consul Jules César est devenu une véritable légende.  Ces deux personnalités politiques importantes dans le bassin méditerranéen du Ier siècle avant Jésus-Christ se rencontrent en premier lieu par intérêt. Leur idylle ne naît pas d'un coup de foudre, mais d'un long siège forcé de plusieurs mois à Alexandrie. On sait par la suite que Jules emmène avec lui cette femme magnifique dont il est fou amoureux (alors qu'il est marié !). Ils ont ensemble un fils, Césarion, qui ne verra pas grandir son père. Ce dernier est assassiné sur les marches du Sénat. Cléopâtre retourne en Egypte, où, souveraine d'un royaume en déclin, elle tombera folle amoureuse de Marc-Antoine quelques années plus tard.

 

Le fils adoptif de Jules César, le futur empereur Auguste, épouse Livie en 38 avant JC, alors qu'elle est enceinte de son premier mari (la politique ne s'encombre pas de morale dans la Rome Antique). Une alliance qui fait figure de calcul pour Octavien, car elle lui permet d'entrer de cette façon dans la plus haute famille aristocratique de Rome, la gens Claudia. Cependant, Auguste concertera son épouse avant de prendre chacune de ses décisions. Il lui fait donner le titre d'Augusta dans son testament. Elle devient le modèle de la matrone idéale dans la propagande impériale.  Ils n'auront pas d'enfants, mais Auguste, ayant adopté ses deux fils, Tibère pourra lui succéder à sa mort en l'an 14. 


A l'aube du Moyen-Age, Clovis, roi des Francs, épouse la princesse burgonde Clotilde, en secondes noces. Chrétienne, elle influence certainement son époux, réputé pour son expérience et ses qualités militaires de conquérant. D'abord réticent à se faire baptiser (ils perdirent des enfants en bas-âge après le baptême demandé par leur mère), Clovis implore l'aide de "son Dieu" à la bataille de Tolbiac. Vainqueur, il demande à l'évêque de Reims, Rémi, de le baptiser à Noël 496. Ils deviennent les premiers souverains chrétiens de la France, qualifiée depuis lors de "fille aînée de l'Eglise". 

 

Le 27 mai 1234, le roi de France Louis IX épouse  Marguerite, la fille du comte Raymond-Béranger de Provence. Il a vingt ans, elle en a treize, et alors que ce mariage est destiné avant tout à agrandir le royaume du fils chéri de Blanche de Castille, les deux fiancés tombent amoureux l'un de l'autre. Après les premières nuits de noces passées à prier, selon la tradition attribuée à Tobie (dans l'Ancien Testament), les deux époux nouent un véritable lien de complicité, tant spirituel que charnel. Louis IX est réputé être l'un des rois capétiens le plus respectueux et amoureux de son épouse. De leur union naîtront 11 enfants, dont trois pendant la croisade, moment où Marguerite s'illustre comme chef de guerre alors que son mari est emprisonné en Egypte. Cultivée et joyeuse, la reine doit néanmoins subir les relations froides de son austère et intransigeante belle-mère, qui peine à céder sa place dans le cœur du roi. 

Clovis et Clotilde (
Clovis et Clotilde (
Louis IX et Marguerite de Provence- Manuscrit du XVème siècle BNParis
Louis IX et Marguerite de Provence- Manuscrit du XVème siècle BNParis

A la Renaissance, un couple sulfureux marque l'histoire de son temps, à commencer par les premières nuits de noces du couple que forment Henri IV et la reine Marguerite de Valois, dite Margot. Marguerite est fille et sœur de roi, grandit et évolue à la cour du Louvre où se fomentent complots et calculs politiques. Sa famille ne lui fait épouser Henri de Navarre, le 18 août 1572, en pleine guerres de religion, que pour tenter une réconciliation avec les Huguenots. Des noces scellées dans le sang, puisque six jours plus tard, dans la nuit du 24 août, furent massacrés dans Paris près de 3000 protestants. Alors qu'elle sera tiraillée entre son mari et ses frères rois, leur mariage s'avère être un désastre (on leur prête des infidélités de part et d'autre et ils n'ont pas d'héritier). Il sera annulé en 1600, quelques années après le sacre d'Henri IV. 

Le roi Henri IV et la reine Margot (miniature du livre d'heure Catherine de Médicis)
Le roi Henri IV et la reine Margot (miniature du livre d'heure Catherine de Médicis)

Le 21 janvier 1793, le roi de France Louis XVI est mis à mort et guillotiné sur l'actuelle place de la Concorde. Il laisse derrière lui une veuve, la reine Marie-Antoinette, et trois enfants,. Si lors de leur mariage le 19 avril 1770, le jeune couple ddu duc de Berry (15 ans) et  de l'archiduchesse d’Autriche (14 ans) ne s'attendaient pas à régner un jour sur le royaume de Louis XV, qui pouvait prévoir une fin de règne aussi terrible ? Pourtant, le 30 mai, un feu d'artifice en leur honneur fait une centaine de victimes. Marie-Antoinette y verra là un sinistre présage. On connaît les difficultés intimes du couple avant que n'arrivent quatre enfants en 1778. Bien qu'ils n'aient pas paru particulièrement amoureux, les historiens et les témoignages s'accordent à dire qu'ils s'aimaient avec un profond respect l'un de l'autre, et qu'ils étaient des parents très présents et aimants. Le drame de la mort de deux de leurs enfants, Marie-Sophie d'abord, quelques mois après sa naissance en 1787, puis de Louis-Joseph à l'âge de sept ans en 1789 (quelques jours avant le début des Etats Généraux !), rapprochèrent le couple, indéniablement. Il faut lire le récit de leur captivité à la tour du Temple de Paris pour se rendre compte de leur profonde affection et de leur engagement sincère pour le peuple de France. 

La Famille Royale, 1782, anonyme
La Famille Royale, 1782, anonyme

La période contemporaine regorge de souverains légendaires. Les souverains, après l'Empire, vivent de manière bourgeoise et l'amour conjugal devient une vertu. On pourrait citer le couple de François-Joseph Ier et d'Elisabeth d'Autriche (Sissi), leurs rivaux, non moins illustres, que sont Napoléon III et l'impératrice Eugénie, ou encore l'amour incroyable de la reine Victoria pour son prince Albert de Saxe-Cobourg. 

Elle le rencontre lorsqu'ils jeunes grâce au roi Léopold de Belgique et jette aussitôt son dévolu sur lui. Après une longue correspondance amoureuse, la reine Victoria et le prince Albert s'unissent le 10 février 1840. De leur heureuse union naîtront 9 enfants, malgré la terreur de la reine d'être enceinte puisqu'elle "supporte" mal ses grossesses. Le prince est peu apprécié de la cour ( il est allemand !) et la reine défendra son mari tout au long de son règne, menaçant d'abdiquer auprès de ses conseillers ! Grâce à lui, les tâches et responsabilités de son épouse sont allégées, il est son principal conseiller. Elle lui octroie le titre de prince consort en 1857. Lorsqu'il décède en 1861, la reine en demeure inconsolable, et ce jusqu'à la fin de ses jours, puisqu'elle ne quittera jamais le deuil. 

L'empereur Napoléon III semble, à côte du beau couple britannique, bien mal assorti avec la sublime comtesse Eugénie de Montijo. L'empereur a pourtant été séduit par la calme beauté de cette jeune espagnole, catholique pieuse proche du parti ultramontain. En l'épousant en 1853, il en fait l'impératrice des Français et lui reste fidèle, alors qu'il aime les femmes, pendant de longues années. Ensemble, ils ont un fils unique, le prince Louis-Napoléon, qui mourra à l'âge de vingt-trois ans en Afrique du Sud. Si l'impératrice n'était pas aimé par les adversaires de l'Empire, elle s'engage à de maintes reprises dans des entreprises culturelles et sociales, influençant, de ce fait, son époux. Après la défaite de Sedan, elle précède l'empereur captif en Angleterre, où commence un long exil. Elle retournera en France, notamment dans le Sud, les dernières décennies du siècle. Lorsqu'elle meurt à Madrid en 1920, elle a quatre-vingt-quatorze ans, a survécu à son mari un demi-siècle (!) et demeure, à ce jour, la dernière femme à avoir dirigé la France en tant que chef d'Etat (elle assura à plusieurs reprises la régence de Napoléon III). 

Napoléon III et l'impératrice Eugénie- Franz Xaver Winterhalter
Napoléon III et l'impératrice Eugénie- Franz Xaver Winterhalter
La Reine Victoria et le prince Albert de Saxe-Cobourg- photographie
La Reine Victoria et le prince Albert de Saxe-Cobourg- photographie

Enfin, je termine ce long article par un couple qui est devenu légendaire par la force du destin. J'aurai pu en choisir bien d'autres, comme le couple que formait le prince Charles et la princesse Diana, Charles et Yvonne de Gaulle, etc... C'est avec le couple Kennedy que je vous propose de terminer votre lecture. 

Ils avaient tout pour plaire: la beauté, la jeunesse, le patrimoine culturel et financier. John Fitzgerald Kennedy est de douze ans l'aîné de Jacqueline Bouvier lorsqu'ils se rencontrent, et il ne l'épousera qu’après son élection de sénateur, le 12 septembre 1953. Chacune de leur photo présente un couple parfait et idéal, pourtant, la vérité est bien plus sordide. Jacqueline a du mal à s'intégrer au clan Kennedy, dont la façon d'être compétitive ne lui convient pas. Son mari, John, se montre chétif (il est malade et se fait opérer à plusieurs reprises) et surtout infidèle, ce dont elle souffrira beaucoup. On le sait moins mais Jacky a essuyé des fausses couches et a perdu une petite fille à la naissance peu de temps après leur mariage. Leur relation ne survit pas à cette épreuve, et ils se séparent quelques temps, avant de se retrouver à la veille de la nomination (échouée) de John à la vice-présidence des Etats-Unis. Deux beaux enfants viendront embellir leurs apparitions publiques, Caroline et John jr. Son goût, son tact et sa culture feront d'elle la plus célèbre des premières dames des USA.

La malédiction se poursuit néanmoins sur le couple présidentiel. John multiplie les conquêtes dans le dos de sa femme (ou non...) et elle perd de nouveau un enfant en 1963. Lorsqu'elle reparaît en public, c'est pour accompagner son président de mari au Texas, et l'on connaît l'issue tragique de ce voyage, puisque, montée dans la décapotable à ses côtés, elle assiste à l'assassinat et la mort de John.  

Les époux Kennedy
Les époux Kennedy

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