· 

L'esclavage dans l'Afrique coloniale du XXème siècle

Meela, enfant innocente arrachée à l'amour de sa famille et de son village au début du roman, est enlevée, puis vendue en esclavage après un long chemin. On l'imagine enchainée dans le désert lamosien jusqu'à son arrivée à Bardeera, où elle est exhibée et vendue. Dans Qaylo, le voie de la liberté, rien n'épargne cette jeune fille à laquelle on s'attache jusqu'à la fin. 

 

Esclave en 1901, me direz-vous ? L'abolition de l'esclavage n'a-t-il pas été promu dès 1833 dans les colonies de l'Empire Britannique ?  Oui, et s'ensuivit même de la part des Anglais une lutte contre la traite, qui se caractérisait par une pression non négligeable sur les pays avec lesquels ils commerçaient. On parle même d'une chasse aux navires négriers le long des côtes africaines. 

 

Or lorsqu'on imagine l'esclavage, on revoit immédiatement les navires remplis jusqu'à fond de cale, les cadavres qui s'y entassent, la maltraitance extrême dans les plantations outre-Atlantique. C'est qu'il il s'agit de la traite dite occidentale. On ne connaît que trop bien cette effroyable pratique, qui ne cesse d'être dénoncée aujourd'hui.

On connaît bien moins la traite dite orientale, et celle, encore taboue de nos jours, intra-africaine. Ce sont ces deux-derniers aspects de l'esclavage que j'évoque dans le roman, et dont je vous parle, de manière non-exhaustive. 

 Il y a tant à dire, mais je ne peux vous relater tout le travail des chercheurs en cours d'investigation actuellement. Aussi, je me contenterai de vous relater quelques aspects de la traite arabo-musulmane qui sévissait dans la Corne de l'Afrique et plus largement dans le Golfe d'Aden.

Il n'en faut pas oublier tous les pays qui ont été soumis au pouvoir Arabe et Ottoman depuis le Moyen-Age, et dont l'histoire de sainte Joséphine Bakhita, si bien retransmise dans le roman de Véronique Olmi (Editions Albin Michel 2017), nous en relate l'horreur et les conditions inhumaines. Ce sont principalement de jeunes femmes et de jeunes garçons qui furent razziés dans leur village, vendus, émasculés pour devenir eunuques, ou scarifiées pour demeurer la propriété des maîtres. 


#roman #Afrique #esclavage #liberté 

Balckfeelings.com
Balckfeelings.com

Alors que la présence Britannique se justifie par le maintien de la sécurité à l'Est de l'Afrique, en face de l'Arabie Saoudite (dont la lutte contre la contrebande), l'esclavage est maintenu secrètement dans certaines familles somaliennes. Oui, dans cette région africaine, cela fait des siècles qu'on enlève des enfants, des jeunes femmes et hommes pour les vendre. Par des razzias, la plupart du temps, organisées en caravane de mercenaires, mais parfois pour payer une dette.

Ils traverseront le désert sur des milliers de kilomètres, mourant de faim, de soif et de mauvais traitements, puis vendus sur les marchés d'esclaves. Là-bas, soit ils étaient achetés une somme dérisoire et traversaient le Golfe pour servir de main d'œuvre, soit ils étaient asservis à la domesticité dans des conditions innommables.

 

Je vous cite ici Bernard Lugan, un de mes anciens professeurs d'université, spécialise de l'histoire de l'Afrique :

 

"En mer Rouge, le commerce des esclaves fut également florissant et cela jusqu’à l’installation de la Grande-Bretagne à Aden en 1839, de la France à Obock en 1862, puis à Djibouti en 1884. Dans l’intérieur, les razzias se poursuivirent puisque, en 1888, sur le seul marché de Médine, en Arabie, 5 000 esclaves noirs furent vendus. Ces captifs venaient en partie des régions périphériques de l’Ethiopie, et notamment du sud de l’empire où la traite était encore importante à la veille du premier conflit mondial."

 

 

Dans les années 1900, la traite étant interdite depuis presque un siècle, le flux n'est plus aussi grand, mais continue de manière sournoise et ne s'arrêtera vraiment qu'à la fin de la colonisation. Aussi, ce sont dans les maisons des bourgeois africains ou colons des grandes villes qu'on retrouve des pauvres êtres asservis. Meela est de ceux-là. On estime aujourd'hui à 17 millions le nombre des victimes de la traite arabo-musulmane. 

 

Combien ont trouvé une lady Pauline sur leur route  ? Certainement peu, mais il faut espérer qu'ils aient trouvé la lumière. 

 

Je termine mon article sur une effroyable remarque, alors qu'on s'offusque en ce moment des jeunes filles afghanes vendues par leurs propres pères. Aujourd'hui, alors que le trafic d'esclave est devenu un crime, on constate avec effroi que des razzias se poursuivent, en Afrique et en Asie principalement, sans oublier le trafic de jeunes européennes. N'est-il pas de notre devoir de dénoncer ce qui n'est dénoncé par personne ? 

Sources:

Bernard Lugan (spécialiste de l'histoire de l'Afrique, qui fut un de mes professeurs à Lyon III), mythes et manipulations de l'histoire africaine

HISTORIA, L'esclavage en terres d'Islam, la traite arabo-musulmane, n°899, Novem.21

Salah Trablesi, historien du monde arabe et musulman Université Lyon II, entretien sur le site https://www.grands-reporters.com/la-traite-arabe/

Tidiane N'Diaye, Le génocide voilé, enquête historique, folio 

 

Quelques sites vulgarisateurs:

http://www.black-feelings.com/accueil/detail-actualite/article/memoires-de-lesclavage-la-traite-arabo-musulmane-17-millions-desclaves-breizh-infocom-actualite-bretagne-information-politique/

 https://www.nofi.media/2017/11/traite-negriere-de-la-mer-rouge/45723

http://ecolereferences.blogspot.com/2018/02/tidiane-ndiaye-le-genocide-voile-ou-la.html

 

Ecolesréférences.com
Ecolesréférences.com

Écrire commentaire

Commentaires: 0